xantox Site Admin le 12 Février 2007 05:40
Posté le 25-02-2006 à 11:40:42
[..] Dans l'"anté-prédicatif" il y a encore un monde, il y a déjà un (anté-)langage implicite, il y a déjà une représentation complexe implicite. Il est impossible de "stopper les machines".
"Pour précéder le monde [..] il est nécessaire d'atteindre l'élémentarité de la relation, et donc l'élémentarité de la forme, sous sa possible condition d'objectivité, si une telle condition existe. Nous ne pouvons pas le faire "de l'intérieur" avec perfection, car notre possibilité de distinction de l'élémentarité qui fonde un phénomène nous échappe nécessairement : le langage disparaît avant qu'il ne puisse accomplir son travail, mais avant de disparaître, il y a encore un monde".
Il faut repenser le concept d'objectivité après avoir coupé le cordon du "sujet conscient", en reconnaissant à toute entité physique la propriété d'établir une relation avec toute autre entité physique, d'établir des représentations, et c'est dans les conditions d'accord de ces représentations que l'objectivité se construit.
Si tout est forme parmi formes, la corporeité est forme autant que le phénomène, il n'y a aucun dualisme dans ce sens.
[..] nous avons cherché à approfondir l'idée que la simulation a une corporeité, en observant d'une part qu'elle est inscrite dans la physicité, et d'autre part, que sa forme peut être déterminée selon un critère d'objectivité qui va au délà de la référence à un observateur particulier. C'est ce critère d'invariance sur une classe d'observateurs qui fonde l'objectivité de l'intérieur (c'est à dire, non pas pour les sujets, mais pour le monde lui-même). On le voit avec une limpidité fulgurante en mécanique quantique. On peut concevoir des faits quantiques qui ne donnent pas lieu à une entité objective. L'objection pourrait alors être reposée à un niveau plus fondamental, "qui est témoin des faits quantiques"? Et on pourrait répondre, que le témoin est le fait quantique lui-même. Et quant à la légitimité de pouvoir parler de ces entités (alors que seule l'expérience du monde m'est donnée directement, ma connaissance scientifique n'est qu'indirecte), on pourrait dire que c'est exactement la même légitimité que nous avons à parler d'une table, ou à croire à la validité de l'expérience nous permettant d'apprendre à marcher. C'est une légitimité produite par la cohérence interne des représentations. Si les conditions "se trouvent dans le sujet transcendental" en effet, le discours qui émerge nous dit pourtant : "le sujet transcendental est forme parmi formes". Devons-nous le croire?
Enfin il y a aussi un sens à parler d'objectivité d'un fait de l'esprit : si je vois la couleur rouge, et que j'ai une expérience de couleur rouge, l'expérience que je vis a un caractère objectif, dans le sens que tout observateur "de mon esprit" si cela peut exister (et cela peut exister à mon sens) doit nécessairement conclure que j'ai une expérience de couleur rouge. Il faut libérer le sujet conscient de ce statut particulier. Toute entité physique est un terme relationnel.
Fondamentalement, on peut considérer que des formes se montrent aux formes, au lieu que des objets aux sujets.
[..] Un discours c'est un "cours de formes". Et dans ce sens, une mesure donne précisement lieu à un discours. Que la complexité de ce discours puisse varier et que l'on puisse avoir envie de parler de discours uniquement en présence d'une conscience ("par définition"), je l'admets volontiers. Mais des discours, et des représentations, existent en dehors de la conscience. En cela on doit cesser de considérer l'Homme comme une exception. Ce qui est exceptionnel, de nouveau, c'est la conscience, mais tout est forme parmi formes, il n'y a aucune séparation ontologique entre la "matière-monde" et l'"esprit".
[On peut considérer que si ces formes coïncident avec la phénomenalité du monde c'est parce que cette phénoménalité se manifeste elle-même sur le plan transcendantal porté par le corps vivant du sujet] Et si c'était le contraire : si ces formes coincidaient, parce que ce plan trascendantal est aussi forme? Et que le discours de formes et le discours de la physicité, c'est un même discours? Dans le sens inverse, on peut tout à fait penser que cela s'applique à la fondation des mathématiques (Chaitin : "is mathematics more like physics than mathematicians would like to admit? I think so!").
[Sur la complexité de Kolmogorov] [..] c'est une approche fondamentale à la notion de forme, et cfr. aussi les résultats superbes de Chaitin. C'est le "coût d'une forme", et c'est sa condition d'existence. La complexité de la forme est irréductible, on en a parlé plus haut.
[L'objectivité de la forme] L'irreductibilité est fondatrice de la forme elle-même. L'accord des représentations est fondateur de l'objectivité.
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xantox le 13 Février 2007 14:56, édité 1 fois au total.
xantox Site Admin le 12 Février 2007 05:47
Posté le 27-02-2006 à 17:12:41
"computer science [is not merely..] a branch of physics [..], experimental physics [is .. ] a branch of computer science" (D Deutsch, "Quantum Theory, the Church-Turing Principle and the Universal Quantum Computer", Proc. of the Royal Soc. of London., A - V 400 - 1818, 1985, pp. 97-117).
[Considérer l'essence de la phénomenalité] n'est que le nécessaire point de départ : c'est ensuite par le chemin de sa reconstruction, que l'on peut saisir cet engendrement de la subjectivité (car ce qui est saisi, est ce qui est connu).
C'est pour la raison de son "immédiatété", que [la subjectivité] ne peut se décrire "de l'intérieur", elle doit donc se "décrire" par la reconstruction de son "plan transcendantal".
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xantox le 13 Février 2007 14:58, édité 1 fois au total.
xantox Site Admin le 12 Février 2007 05:59
Posté le 02-03-2006 à 21:46:50
[Un fait quantique est "témoin"] dans le sens qu'il est en relation avec un autre fait quantique et par cette relation, il se transforme, et en cette marque qui va devenir son être, il re-présente d'autres faits.
Je n'ai aucune objection à la notion que la "réalité d'un concept" soit due à la présence d'un "être conscient/intelligent" qui le pense (le concept étant même ainsi défini, comme ce qui est pensé). Comme déjà dit, le point n'est évidemment pas de nier à la conscience ses "facultés formelles". Le point est d'étendre à toute entité physique la capacité de réifier une forme. Tout ce qui existe, des fleurs aux odeurs de fleurs, et jusqu'aux idées de fleurs, existe dans la physicité. La physicité déploie une multiplicité de relations qui engendrent des formes. De là, je ne vois aucun critère, autre que celui de la spécificité de la forme et de ses modes de relation, permettant de distinguer qualitativement une forme "physique" d'une forme "conceptuelle".
[Si l'accord des représentations est un concept] il faut considérer qu'il s'agit d'accord des représentations (des relations) pour les particules! Ce qui fait qu'une tasse de café ne disparaît pas en quittant la pièce.
Une re-présentation c'est le retour d'une forme, indépendamment de l'interprétation qui peut lui être associée. Le sens de la représentation c'est une autre forme : qui utilise l'interprétation comme une clef.
Pour caractériser la dynamique d'une structure [..] il faut caractériser ses modes d'élémentarité. Pour caractériser les modes d'élémentarité de cette structure "transcendantale", on ne peut pas faire appel à l'introspection. La seule voie possible, le seul chemin de reconciliation possible, est celui de caractériser les modes d'élémentarité du "corps physique" : au point de les faire coincider avec l'"esprit" (une simulation, c'est cela).
Il s'agit de considérer que des représentations ont lieu tout le temps dans la physicité, et que le terme d'une représentation porte l'empreinte de l'autre. La lune n'interagit pas directement avec la terre : chacune interagit localement avec le champ gravitationnel, lequel interagit de nouveau avec chacune. L'interaction est toujours locale : c'est une rencontre, comme dans ta "rencontre de sujet et objet".
Cfr plus haut pour la représentation : pour donner un exemple, une DNA polymerase oeuvre "au retour d'une forme", et il n'y a aucun "soi" qui dirige les travaux.
On peut voir l'"accord", de manière générale, comme la condition d'identité d'une classe de relations. [..]
[Il faut placer] une charge de TNT sur ce plan apparent d'élémentarité, celui de l'introspection. L'élémentarité ne se choisit pas arbitrairement, et elle n'est pas obligatoirement une élémentarité quantique. Il faut aller jusqu'à l'élémentarité suffisante à une reconciliation parfaite avec la forme : cela dépend de chaque forme en particulier.
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xantox le 13 Février 2007 15:02, édité 1 fois au total.
xantox Site Admin le 12 Février 2007 06:09
Posté le 01-07-2006 à 00:50:24
C'est volontairement que je n'utilise pas le mot "corps" : j'appelle cela "la physicité", car :
- soit le mot "corps" reçoit un statut particulier de par le fait qu'il s'agit du corps experimenté par un sujet conscient (comme si, par exemple, une ampoule électrique n'avait pas de corps) : mais dans ce cas il s'agit d'un phénomène qui ne peut pas être
identifié à la physicité de ce corps, et dont on ne peut pas déterminer l'
organisation ;
- soit le mot "corps" n'a pas ce statut particulier, et il convient alors de généraliser en l'identifiant à la physicité.
Il n'y a aucune différence ontologique entre le "corps" et le "mental", qui sont une même expression de la physicité. En ce sens, que l'on traite d'une
évolution dans un domaine accessible à la conscience ("mental"?),
ou inaccessible à la conscience ("corporel"?), le sens fondamental d'une telle évolution (d'une telle "anticipation", ou d'un tel "effort") reste identique. Si l'on doit établir cette différenciation uniquement pour constater que certaines évolutions qui participent à la perception ont lieu dans un domaine inaccessible à la conscience, cela me paraît enfoncer un portail de cathédrale déjà ouvert.
Dans l'exemple du "mouvement perçu à l'état naissant", ce qui est perçu n'est pas le mouvement au sens physique, c'est un phénomène qui en re-re-re-présente certaines caractéristiques. De là, si j'ai perçu la trajectoire d'une balle
et que "le mouvement perçu à l'état naissant" avait déjà une direction, c'est qu'une évolution de ma perception dans un domaine inaccessible à la conscience a fourni ces "termes antécédents", qui ont permis la manifestation (dans le domaine accessible à la conscience) d'une direction ayant déjà un état bien défini. (Notons aussi, pour revenir à l'aspect purement physique, que dans une approche dynamique la direction du mouvement peut être définie "instantanément" par la direction des forces, c'est intéressant en ce sens de retourner la question : "comment une particule sait quelle est sa direction?").
Merleau-Ponty a écrit:
Cette forme qui se dessine dans le système nerveux, ce déploiement d'une structure, je ne puis me le représenter comme une série de processus en troisième personne, transmission de mouvement ou détermination d'une variable par une autre. je n'en peux prendre une connaissance distante.
Ce problème était abordé au début de la discussion, dans l'évocation de l'impossibilité pour un "observateur objectif" tel qu'il était décrit, de "voir" uniquement des faits élémentaires, comme des particules : cet observateur verrait des structures complexes. En ce sens, il n'y a aucun processus en troisième personne, il n'y a aucune variable élémentaire. Il y a uniquement des formes, et des relations de représentation entre formes. La représentation parfaite d'une forme étant une identité, il est ensuite banal de constater que l'identité d'une perception est une perception (et que la perception d'un xantox simulé est parfaitement identique à celle de xantox).
Il faut ici noter que, si l'on est incapable de simuler sa perception, c'est uniquement à cause de ses limitations structurelles, mais qu'il serait possible d'envisager un être qui
sait simuler l'une de ses perceptions (l'aveugle qui pourtant voit les couleurs évoqué dans l'article de Dennett cité en est un exemple). Pour un tel être, tout à fait physique, ces précautions phénomenologiques ne seraient pas appliquables, car il pourrait à la fois percevoir et comprendre sa perception. Et nous ne différons pas qualitativement d'un tel être quand, par exemple, nous faisons de la physique mathématique.
Si j'ai appelé cela simplement "calcul physique", c'est bien par respect de l'ignorance que j'ai de sa forme particulière. Toute sophistication semantique dans la caractérisation de cette forme n'est que geste de précaution, qui fabrique poétiquement ou rationnellement "une" complexité pour aborder "la" complexité du problème, dont mon rêve serait qu'elle soit abordée directement et avec la rigueur nue d'un calcul, car la physicité
est ce calcul.
Il y a un chemin à partir d'
un versant, mais il existe aisso un chemin à partir de l'
autre versant, et cela ne constitue pas une opposition. Le langage "logico-formel" porte le sens de l'élémentarité, qui manque à la vision "à la première personne", et qui ne peut donc seule
reconstruire les "chemins du corps", elle ne peut que "les laisser deviner", donc engendrer une mythologie. Il convient donc de "continuer à jouer" en philosophes
et en scientifiques.
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xantox le 13 Février 2007 15:04, édité 1 fois au total.
xantox Site Admin le 12 Février 2007 06:18
Posté le 04-07-2006 à 14:24:29
Dès que l'on prononce le mot "structure", on est déjà dans un discours physique, qu'il convient donc d'assumer pleinement. La question de caractériser la forme de la conscience, c'est à dire, les étapes structurelles qui font qu'il y a une conscience, est une question physique, ontologiquement équivalente à la question de caractériser p.e. une table.
Le monde se donne avant qu'on se pose la question. La question qu'on se pose est donc pourquoi il se donne. Pour répondre à cela, j'ai remarqué que la vraie question à se poser est celle de la représentation au sens physique (comment, par exemple, un photon peut représenter l'état d'une autre particule, etc).
[Au sujet de l'être non phénoménologiquement inscrit] C'est un être physique et conscient, qui a la capacité supplémentaire de simuler l'une de ses perceptions, par ex. la vision. S'il ouvre les yeux il voit la pomme. S'il ferme les yeux, il sait voir la pomme, et il la voit. C'est à dire, il la voit précisement car il sait parfaitement ce qu'est "voir la pomme". La connaissance ici n'est plus "distante".
[Saisir la pensée avec la rigueur d'un calcul], cela signifie simplement en saisir la forme (donc, la saisir exactement, pour qu'il ne s'agisse d'une autre forme). C'est donc faire revenir la forme, la re-présenter, la simuler. La pensée est une activité formelle car toute activité est forme. Si "nous avons compris", c'est que nous avons reparcouru la forme de ce qui a été compris.
[Forme et formalisme] le formalisme est une manière de représenter un chemin à la forme, le geste artistique est comme le geste des arts martiaux, car il fait revenir la forme sans tracer de chemin : il fait une prise sur la subjectivité, il prend appui sur la forme de la subjectivité, et il la projette d'un seul coup au milieu du sens.
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xantox le 13 Février 2007 15:07, édité 3 fois au total.
xantox Site Admin le 12 Février 2007 06:20
Posté le 13-07-2006 à 21:46:52
[Considérer l'univers comme pure physicité qui se décrit par des lois revient-il à considérer l'univers comme la logique de ces lois et leur déroulement?]
Cela ne revient pas tout à fait au même, car la physicité précède les lois et les mathématiques, en ce sens que si la représentation est possible, si les lois, la logique et les mathématiques sont ainsi, c'est parce qu'elles sont engendrées ainsi par la physicité. Je suppose ici une distinction entre l'existence physique, entendue comme "déroulement des lois physiques", et l'être de la physicité, qui est indicible.
Il ne s'agit donc pas de prendre un concept et de se demander si "la physicité lui ressemble", (ou si "l'univers est nombre", etc), comme si concept et physicité étaient de nature différente, mais tout d'abord, de considérer que un concept est en soi une entité physique. Il n'y a pas d'abstraction fondamentale ou de "structure idéelle" au vieux sens dualiste, car tout est sur un plan d'absolue égalité ontologique.
Le sujet conscient n'a pas en cela de statut particulier : il est "forme parmi formes".
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xantox le 13 Février 2007 15:09, édité 2 fois au total.
xantox Site Admin le 12 Février 2007 06:35
Posté le 16-07-2006 à 16:59:24
L'identité "sujet" = "sujet conscient" est méthodologiquement dualiste. A mon sens la conscience ne s'identifie pas avec le "se rapporter au monde" car elle est plus que cela. Un électron n'est pas conscient, mais avec certitude il "se rapporte au monde" (le "sien"). La conscience fait émerger une instance supplémentaire, celle du rapport avec soi, mais n'est pas fondatrice du rapport au monde. Le "rapport à", la relationnalité, est fondée ontologiquement par la physicité, et dans cette relationnalité se trouve le propre de l'"être au monde" pour tout ce qui est. Si je suis le premier sujet de cette relationnalité, dans la manifestation de mon expérience, je dois par nécessité logique et si je refuse une approche à la Berkeley, également attribuer à tout terme de mes relations au monde le statut de sujet à son monde. [..] La conscience est "ce qui est exceptionnel" dans le sens qu'elle est la reconquête d'une identité épistemo-ontologique. [..] Ce que j'entends en disant que la conscience d'une forme A est "une autre forme" B, c'est tout d'abord qu'elle est aussi "une forme" (et en tant que forme parmi formes, cela n'implique de dualisme). Ensuite, par "autre", j'entends que la forme B, qui "revient“ dans le contexte d'une autre forme C (la conscience) n'est pas l'identité de A, mais l'identité d'une abstraction B de A.
Pour revenir à cet exemple seulement en apparence surréaliste, la tasse de thé enregistre beaucoup plus d'information à mon sujet, de ce que j'en sais moi-même à mon sujet. [..]
Je considère que la forme vient avant la conscience, car sa seule ontologie est la physicité. La forme n'est donc pas une construction théorique releguée à ce qui fait sens. Elle se donne, exactement comme le phénomène. On peut par ailleurs définir "ce qui fait sens", de deux manières possibles : soit comme ce qui se rapporte à la conscience, soit comme ce qui se rapporte à un sujet en général. Or je considère que toute entité physique est sujet (non pas sujet conscient, mais sujet) de son monde. Toute entité physique est "en acte vers ce monde", et produit aussi "un discours". Alors selon la deuxième définition de ce qui fait sens, une interaction physique qui ne se rapporte pas à la conscience aura un "sens", devenu alors "sens physique". L'existence physique se confondant avec un tel "sens physique".
La forme se donne : elle est le phénomène. Elle se donne autant qu'elle se laisse représenter. Elle permet le discours et elle est le discours. Pour éviter la position de Berkeley, j'ajoute une seule thèse, celle de l'égalité ontologique des sujets et des objets, qui considère l'existence physique entièrement équivalente à ce discours de formes. La phénomenalité de mon monde, ne différe sinon dans sa forme de celle de ton monde, de celle du monde d'une tasse de thé, de celle du monde d'un photon.
On est tous égaux dans la physicité. Si les structures de la perception (par ailleurs, quel statut ont-elles? si tu les considères des phénomènes, leur "structure" ne serait déjà une abstraction "qui fait sens"?), je dis donc, si les structures de la perception sont à la base du sens, ce n'est pas une question de précédence, mais de rencontre de formes, d'apparition du sens par transformation. Le sens appartient déjà à la forme, et se transmet avec elle. Le "mouvement par la motricité" a déjà un sens à lui, et le sens qui se manifeste dans ma conscience est un sens qui est à elle et qui se construit par un jeu complexe d'interactions. J'utilise ici le mot "sens" selon la deuxième définition proposée plus haut, où le sens est la caractérisation de la forme physique par ses propres modes d'élémentarité.
J'appelle "forme" la manifestation de la différence dans la physicité. Là où il y a différence physique il y a forme.
Le jeu des formes est un jeu de relations et de différences, d'interactions et de changements. La saisie d'une forme, entendue comme la conscience d'une forme, est l'apparition de la forme auprès de la conscience. Alors que la perception, c'est l'apparition de la forme en tant que forme de la conscience elle-même. La forme ne peut pas apparaître inopinément, car elle ne peut être atteinte que par un chemin d'interactions et de changements. Ce chemin s'obtient par la rencontre avec d'autres formes. On ne peut pas définir un chemin à priori vers toute forme : certaines formes me sont inatteignables. Toutefois, une vaste classe de formes (celles dites "objectives" car reconnues par tous observateurs) peuvent être caractérisées dans un formalisme en supposant d'une part leur universalité, et d'autre part en les faisant "parler entre elles". Par ex., en bombardant un atome avec des particules, et en observant le résultat, on peut caractériser des propriétés qu'il nous aurait été impossible d'atteindre autrement. Dans ces expériences de rencontres de formes par d'autres formes, on en arrive à la science, mais cela ne diffère pas p. ex. de l'apprentissage du vélo : c'est par l'interaction possible de notre corps et de nos sens avec le vélo, que l'on peut construire un chemin vers le savoir-conduire. Dans le cas des mathématiques, on apprend aussi "à conduire" des formes, à les faire intéragir dans notre esprit et à observer leur transformation. Pour ce qui est du formalisme, c'est une méthode qui permet de codifier une forme (donc, c'est un langage). On ne peut pas définir un chemin à priori à toute forme. J'utilise autant que possible le mot "formel" en tant qu'adjectif d'une forme en général.
[L'expérience temporelle] Qu'est-ce que le temps? Un résultat (un sens) de la relationnalité physique. Lorsque je parle de formes, je les entends inscrites dans la relationnalité physique, elles incluent donc le temps et toute dimension de cette relationnalité (la dynamique d'une forme n'est pas nécessairement inscrite dans le temps).
[..] On ne peut pas reparcourir la forme autrement qu'en la reparcourant. [..] La forme n'est pas réductible, ceci est cohérent avec l'impossibilité d'une fondation des mathématiques par réduction.
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xantox le 13 Février 2007 15:12, édité 1 fois au total.
xantox Site Admin le 12 Février 2007 06:54
Posté le 14-10-2006 à 23:08:46
[Les mots "sujet", "survivre", "se reproduire".. sont-ils employés par métaphore] [..] ces mots se referent à des explications qui conservent toute leur pertinence à un niveau plus fondamental, et que restreindre leur applicabilité à une catégorie particulière de phénomènes est arbitraire, bien que cela soit inscrit dans la connotation courante de ces mots. On doit pouvoir viser la généralisation et l'unification de familles de concepts sans être retenus par les barrières du langage, par des étages fictifs, par des présupposés dualistes, et s'occuper par la suite des résolutions semantiques.
Dans le cas d'un débat éthique on est nécessairement dans le contexte de notre propre subjectivité, humaine, consciente, particulière. Mais le problème de penser ce qu'est tout sujet n'est pas un problème éthique.
[L'idéal de l'identité avec la forme] est un idéal qui ne peut pas s'atteindre du premier coup, car la "descente" vers l'élementarité passe par un chemin tortueux. Si notre point de départ est le langage courant, nous devrons nécessairement le plier à de nouvelles modalités, qui apparaîtront de plus en plus paradoxales. Le travail nécessaire pour gérer ces paradoxes et pour assimiler un tel parcours étrange, est la seule chose qui importe, car c'est précisement ce travail qui nous fait avancer sur le chemin vers l'élémentarité. Cela vaut nécessairement pour tout discours sur le monde qui vise l'élémentarité, à commencer par celui de la physique, qui décrit désormais un monde plus étrange que celui d'Alice au Pays des Merveilles.
[L'intentionnalité] Je ne vois pas de 'plancher fondamental' qui serait situé au niveau de la conscience et qui s'opposerait à la constitution d'une intentionnalité plus élémentaire, purement informationnelle. Notre intentionnalité n'a pas de forme plus élémentaire, mais ceci ne suffit pas à justifier que l'on limite à priori à notre conscience le domaine d'applicabilité d'une théorie de l'intentionnalité.
Le statut de sujet est possédé par ce qui possède le statut d'observateur, qui se définit par la capacité d'un système physique d'obtenir et enregistrer de l'information concernant un autre système physique. C'est un point de départ vers une "naturalisation de l'intentionnalité".
[Attendre l'établissement des status lors de la reconstruction] L'attente risque d'impliquer l'immobilité. Si l'on prend le risque de se mettre en chemin maintenant, on devra certes se débrouiller avec des outils grossiers, mais malgré tout fiables. La réalité est ce à quoi on peut faire confiance. Nous avons donc toujours espoir de nous en sortir malgré ou grâce à nos erreurs de parcours.
[La loi du moi et la compression des formes] Comprendre (par les lois) n'est pas compresser la forme de la physicité, qui est toujours incompressible, mais compresser le support de sa représentation. La possibilité de cette compression vient du fait que les modes d'élémentarité d'un système physique sont toujours plus nombreux que les modes d'élémentarité de la représentation qu'il peut enregistrer. Or, la "loi du moi" représente la forme physique élémentaire et incompressible du "moi". Formuler cette loi signifie simuler cette forme (la faire révenir), par la complexité d'autres lois (p.e., des lois neurobiologiques), ce qui constitue l'explication. Et la "loi du moi" aura à son tour un statut élémentaire dans une théorie plus complexe, ex. une théorie sociologique (qui représente aussi une loi physique).
[..] la forme artistique nous amène directement à destination, et l'explication scientifique est la simulation d'un chemin vers cette destination. Elle est élégante lorsque la partie inutile de ce chemin a été eliminée (Ockham).
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xantox le 13 Février 2007 15:15, édité 1 fois au total.